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Violences conjugales : le prévenu reconnu coupable lors de l'audience de comparution immédiate

Après avoir assisté Monsieur R. au cours de sa garde à vue, je suis intervenue pour la défense de ses intérêts devant le Tribunal correctionnel de Tarbes lors de l'audience de comparution immédiate au cours de laquelle il a été jugé.


Retour sur ce dossier :



"C'est une relation et un huis clos particuliers, sur fond d'alcool et de violences répétées, qui sont arrivés à la barre du tribunal de Tarbes. Le conjoint violent, pourtant interdit d'entrer en contact avec la victime, a été maintenu en détention.


Lui est SDF; elle a de sérieux problèmes d'alcool. Un terreau fertile à la violence qui ne manque pas d'entacher cette relation depuis des mois. Déjà en janvier monsieur, qui cumule plusieurs infractions à son passif (outrage, violences sur conjoint, menaces, vol aggravé, port d'arme blanche) a été condamné pour des violences commises déjà sur la victime. Ce lundi, ce sont deux nouveaux épisodes violents qui le ramènent à la barre. Si les faits du mois de mai ne reposent que sur un seul témoignage, entaché d'alcool, ceux du week-end du 10 octobre sont incontestables, à la vue du visage tuméfié de la victime. "Même en noir et blanc, les photos parlent d'elles-mêmes" dira la présidente Marie-Gabrielle Viche.

Gifles, coups de poing au nez, au cou et sur le torse, coups de pied et même morsure qui vaudront à la victime une ITT de six jours, même si cette dernière attend deux jours avant de se présenter au commissariat, alcoolisée mais le corps encore meurtri. À l’origine de ce déferlement, les clés de l'appartement qu'occupe la victime. Celle-ci les aurait égarées, nécessitant l'intervention d'un serrurier. S'ensuivra une avalanche de coups. "On aurait dit un cannibale, dira la victime aux enquêteurs. Il était déchaîné." Et de souffler: "Ce n'est plus vivable."

"Quand je bois, je ne suis plus le même"

Les policiers, régulièrement sollicités pour intervenir au domicile du couple pour divers troubles, interpellent l'auteur. Il faudra qu'ils l'entravent lors de son passage à l'hôpital pour soigner une plaie à l'auriculaire droit, ce dernier tentant de donner un coup de tête à un policier, avant de lui cracher dessus, de l'insulter et le menacer. Après avoir contesté les faits durant sa garde à vue, l'auteur, qui a effectué plusieurs séjours en hospital psychiatrique, les reconnaît cette fois. "Quand je bois, je ne suis plus le même. Je ne suis pas sûr d'avoir commis toutes ces violences, mais je m'en excuse." Présente dans la salle, la victime, toujours marquée, refusera pourtant de se porter partie civile. "Dans ma tête, il ne mérite pas ça. Quand il ne boit pas, c'est un ange. Il faut qu'il se fasse soigner. Je n'ai pas peur de lui" dira-t-elle lorsque la présidente évoquera la mise en place d'un bracelet anti-rapprochement. "Mais il faut que vous réfléchissiez à la nécessité de vous protéger" lui incitera la présidente.

"L'inacceptable, c'est ce déchaînement de violences"

"On est dans un contexte conflictuel particulier et une relation particulière, pointera Me Noémie Rozane, pour la défense. Pourquoi a-t-on attendu lundi pour déposer plainte pour des faits datant du samedi soir? On passe les 40h qui suivent ensemble, comme si de rien n'était. Il y a quelque chose qui ne tourne vraiment pas rond. Il y a clairement un besoin de soins, contraint, pour que tout ça s'arrête." Pour le substitut du procureur Jean-François Dobeli, "l'inacceptable, c'est ce déchaînement de violence. Je suis d'accord avec les propos de la victime durant son audition: s'il ressort, c'est qu'il n'y a pas de justice." Suivant les réquisitions du parquet, le tribunal condamnera J-L R à 18 mois d'emprisonnement dont 9 assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans (avec obligation de soins et de travail et interdiction de contact avec la victime et de paraître à son domicile). Il a été maintenu en détention."



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